
Clotilde
Floret
Chanteuse ‘sexy weirdo’ du groupe lillois We Are Enfant Terrible, ‘It girl’ du duo de djs Alex & Annie, égérie pour créateurs de mode, slasheuse pour What For, Clotilde Floret est à son aise dans le monde 2.0. Passée maître dans l’art de voir la mode au prisme de la musique et vice et versa, l’univers de Pop Clo est un ubuesque mash-up. Depuis 2008, elle met son grain de folie et ses talents d’auteur-interprète au service de l’electro pop des WAET. Un concept musical taillé sur-mesure, entre dogme electro et easy pop, dont les piliers sont le style, la performance et la geek culture. Rencontre avec le phénomène Clotilde Floret.
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Rien ne te prédestinait à embrasser une carrière artistique ?
J’ai toujours aimé créer des choses, dessiner, écrire, faire des photos ou chantonner mais je ne pensais pas pouvoir en faire une carrière à défaut d’exceller dans un domaine particulier… je pense que j’ai eu de la chance et que j’ai fait les bonnes rencontres qui m’ont permis de transformer mes passions en profession.
La musique, la mode et la communication sont au cœur de tes actuelles activités. Peux tu m’en dire plus ?
Ces univers sont intimement liés. Aujourd’hui, il me paraît difficile de faire de la musique sans communiquer et s’intéresser aux web médias. J’ai appris sur le tas avec la volonté de partager au mieux notre musique, notre état d’esprit avec les gens et finalement ç’est devenu un métier: « community manager ». La mode est aussi pour moi un pendant de la musique: quand tu es sur scène, que tu le veuilles ou non tu portes un « costume », tu passes un message avec tes paroles, tes attitudes, les fringues que tu mets. Nous, dans le groupe, on a beaucoup joué avec ça et on essaie d’être créatif, d’inventer un univers sexy weirdo geek qui nous correspond.
De la création du groupe We Are Enfant Terrible en 2008 à la sortie de votre récent Ep « la femme aux faux cils », quel regard portes-tu sur le chemin parcouru ?
Je suis très fière. Déjà parce que ça part d’une histoire d’amitié et de fun entre trois individus qui se croisent par hasard et que montent une aventure artistique qui a depuis traversée les pays, les années et les modes. On a, certes, pas vendu de millions de disques, nous ne sommes pas des stars et nos titres ne passent pas à la radio mais on s’en fout. On est libre, on voyage, on essaie de se réinventer pour partager quelque chose d’unique avec les gens qui nous écoutent… Au final on est toujours là au bout de bientôt sept ans et on s’amuse toujours autant à chaque fois qu’on se retrouve… C’est plutôt pas mal non?
Vous avez écumé les routes de la France au Brésil, de l’Amérique du nord à la Chine, assuré les 1ères parties de Vitalic, Peaches, Die Antwoord et inscrit votre nom sur les affiches du festival de jazz de Montreux, des Eurockéennes de Belfort… C’est un rêve éveillé, non ?
C’est une chance extraordinaire, qui plus est de le faire avec des gens que tu aimes et qui t’inspirent. Ca fait un peu bisounours tout ça mais, encore une fois, je m’en fous. Je pense que c’est ça la clef de la longévité et du succès : être authentique, faire ce qu’on aime et avoir un esprit de famille. Dans le groupe, on a toujours était franc les uns envers les autres, on sait se dire quand l’un ou l’autre fait de la merde, est à côté de la plaque mais on sait aussi être là quand pour les galères… Bref on essaie de vivre notre rêve et de fabriquer du rêve… Ça fait pas mal de boulot!
Que gardes-tu de votre passage chez Last Gang, label de feu Crystal Castles entre autres ? Où en êtes vous niveau label ?
Last gang ça a été une superbe aventure, ça nous a ouvert beaucoup de portes pour le premier album car nous nous retrouvions dans une écurie qui avait des poulains de compétition comme Chromeo, Crystal Castles, Death from Above etc. Nous étions un peu des outsiders, les petits frenchies qui débarquaient de nulle part. L’aventure n’a pas durée car nous n’étions pas d’accord avec leurs visions artistiques pour le second album. La liberté est essentielle pour nous, quitte à partir dans tous les sens et tous les styles. On ne supporte pas qu’on nous impose des choses qui ne nous correspondent pas. Du coup on a fini par créer notre propre label Play it loudly pour continuer à sortir nos disques. C’est pas facile mais c’est un beau challenge.
A l’origine punk funk euphorique, puis electro 8bits rageuse, à l’electro pop aux incursions sixties d’aujourd’hui, votre ligne musicale n’est pas figée. Quels nouveaux territoires aimerais-tu explorer ?
Moi j’ai toujours rêvé de faire du hip-hop, un truc à la Beastie Boys en passant du punk au rap mais bon, mon flow est assez nul alors j’ai revu mes ambitions. En ce moment, on est pas mal sur de l’electro, des trucs dancefloor qui tabassent mais pas trop violent quand même car on est des gentils dans le fond faut pas l’oublier.
Avec Cyril Debarge et Thomas Fourny, vous cultivez l’art du décalage et du mash up. Vos vidéos, photos, tenues de scène, votre artwork révèlent une réelle maîtrise et gestion de votre image. Qui apporte les idées, les inspirations, les choix ?
C’est vraiment quelquechose qu’on fait tous les trois, chacun dans les domaines qu’on maitrise le plus: Cyril en vidéo, Thomas en son et moi dans la mode. On a tous trois des influences très différentes et quand on essaie de les réunir, ça donne un mash up bizarroïde et inédit.
On te connait surtout comme chanteuse mais tu entretiens une réelle passion pour l’écriture si je ne me trompe ?
Oui j’ai toujours beaucoup aimé écrire. Comme ça me coûtais cher en cartes postales et que je savais même plus à qui les envoyer, j’ai fini par me dire que je pourrais en faire des chansons.
Quel est ton process d’écriture pour WAET ?
Je me base beaucoup sur des sonorités. L’anglais n’est évidemment pas ma langue maternelle mais me semble bizarrement plus familière pour écrire de la musique. Alors je cherche des mots qui sonnent bien (dans ce que je lis, ce que j’entends, ce que je vois) et j’essaie de les associer pour leur donner un sens. C’est un peu comme une sorte de cadavre exquis permanent.
Envisages-tu à moyen-long terme de t’orienter plus vers le métier d’auteur ?
J’adorerais oui. J’ai eu la chance de pouvoir écrire pour des marques de mode comme What For qui m’a confié son blog (www.walkforwhatfor.com) et récemment Sonia Rykiel qui m’a demandé d’écrire pour son blog Sonia By. Bien sur, je continue aussi d’écrire des textes pour We Are Enfant Terrible et parfois pour des collaborations avec d’autres artistes. C’est un peu mon exutoire à moi l’écriture. C’est dur, il faut aller chercher parfois loin et se faire violence. Ca remplace assez bien le sport finalement pour ceux qui n’aiment pas trop ça.
Tu es partie prenante d’un autre projet, le duo de dj « Alex & Annie », avec Charlotte Decroix. Autre univers, autre style ?
Autre univers oui mais encore une fois un projet né d’une amitié. Avec Charlotte, nous sommes passionnées de musique et c’est venu naturellement de passer du son ensemble. On se partage des tracks et on les fait découvrir aux autres par le biais de nos dj sets et mixtapes. On est dans un univers plus disco, exotique, féminin sans être « girly « gnangnan. On a sorti une compilation déjà en exclu chez Colette, ça s’appelle « Florilèges ». On va essayer de faire la compilation #2 bientôt.
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www.weareenfantterrible.playitloudlyrecords.com
www.soundcloud.com/alexetannie